D'une, comme il a déjà été remarqué plus haut, confondre "les États-Unis" et l'administration Bush, c'est un raccourci un peu crétin. Hop, je met tout dans le même sac, et puis, comme j'ai eu une journée frustrante, je vais gueuler un bon coup "l'Amérique ! Sarkozy" et ça ira mieux.
De deux, c'est sûr que Bush fait un parfait croquemitaine qui génère à juste titre de l'inquiétude (et peut être plus encore que lui-même les Cheney, Rumsfeld, Ashcroft, Perle, et tous ses idéologues, en pratticulier religieux) mais j'ai un peu le sentiment que la gauche s'est trouvée à bon compte, en Bush comme en Sarkozy, un punching-ball bien commode pour sautiller hystériquement sur place et montrer du doigt sans jamais se remettre en question soi-même.
J'attend un sujet "sarkozy mange les enfants" sur yahoo q/r, ça ne saurait tarder, vu le crétinisme ambiant. Si c'est là le niveau l'opposition qu'on est capable de lui témoigner, eh bien si jamais il se connecte parfois sur q/r, ça doit lui remonter le moral et le rassurer ! Toute cette énergie perdue à s'exciter, toute cette "guignolisation" sur yahoo q/r, c'est autant d'argumentaires en moins, autant de réel impact en moins et, au final, autant de démocratie en moins.
D'autre part, on parle des états-unis et d'israël, mais-et là c'est un sujetqui mériterait l'ouverture d'une question à part- ne pensez-vous pas que dorénavant, le poids des états et le poids de la politique d'une nation ou d'un groupe de nations a diminué, au profit de groupes d'intérêts économiques qui peuvent très bien être nationaux mais aussi transnationaux ?
Enfin, les réflexions sur l'administration américaine actuelle oublient que meme si les Démocrates transforment en 2008, via Hillary Clinton ou Barack Obama, leur essai de l'année dernière, pensez-vous réellement qu'il y aura un infléchissement fondamental de la poilitique américaine ? Certes, on peut en espérer un monde un peu plus multipolaire à l'extérieur et la fin d'un certain aventurisme messianique, ainsi qu'une démocratie plus pluraliste et l'abandon des mesures "totalitaires" les plus voyantes à l'intérieur du pays, mais au-delà de cela... les USA ne se convertiront jamais à la social-démocratie et mettront toujours en avant leurs intérêts. Je doute qu'une administration démocrate se mettrait par magie à célébrer la concurrence du projet européen Galileo sur le GPS, ni qu'elle volerait au secours d'Airbus, encore moins qu'elle démantélerait le réseau Echelon de la NSA.
De même pour Sarko, même s'il est patent qu'il a, outre une stupéfiante avidité de pouvoir, une grande expertise de la déformation et de la désinformation, il s'appuie en grande partie sur les aveuglements passés de ses adversaires. Il n'a pas débarqué de nulle part sur un vaisseau spatial. C'est par un certain déni de certaines réalités, le fameux "state of denial" dont il a été question récemment aux USA justement, que le PS a été poussé par la sortie il y a quelques années. C'est par un certain déni de certaines réalités que la gauche a vu son influence, son audience se rétrécir et qu'elle a perdu une partie de ce lien presque organique qui, à une autre époque, la liait au peuple.
Je pense que pour construire un monde meilleur, il faut d'abord avoir une vision lucide du monde tel qu'il est. Et battre le "néo-libéralisme" à son propre jeu. Plutôt que de se gargariser de mots-clés qui font peur et qui défoulent, créons des tissus efficaces plutôt que des citadelles verbeuses ! Concevons une économie citoyenne rentable, opposons à un modèle déshumanisé un modèle humaniste en actions concrètes et non en réaction idéologue. Ce sera plus efficace que de bavocher convulsivement "sarko, bush". S'ils sont des repoussoirs,leurs oppositions sont-elles pour autant des aimants ? En l'état actuel, la réponse est "non".